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Blog géopolitique de D. Giacobi

LA PRISE DE IWO JIMA SOUS L’OBJECTIF DE JOE ROSENTHAL : PHOTO ET HISTOIRE

 

L'une des photographies les plus mythiques de la Seconde Guerre mondiale, « Raising the Flag on Iwo Jima », la photo de Joe Rosenthal , le photoreporter américain qui reçut le Prix Pulitzer pour son image montrant six soldats américains plantant leur drapeau sur l'île d'Iwo Jima, prise aux Japonais au cours de la seconde guerre mondiale.

  Iwo Jima 1

LA CONQUETE DE l’ÎLE DE IWO JIMA

 

Le 19 février 1945, dans la perspective stratégique de conquérir le Japon, les États-Unis envahissent IwoIwo Jima auj Jima. L'île n'était pas à l'origine une cible, mais la chute assez rapide des Philippines procura aux Américains une accalmie plus longue que prévue avant l'invasion d'Okinawa. Iwo Jima est située à mi-chemin entre le Japon et les îles Mariannes, qui servent de base aux bombardiers américains.. Cette opération est d'ailleurs la seule offensive américaine de la campagne du Pacifique durant laquelle les pertes américaines seront supérieures aux pertes japonaises.

Administrativement, l'île fait partie de la préfecture de Tokyo — le maire de Tokyo étant également le maire d'Iwo Jima. L'île constitue donc le premier territoire directement menacé par l'invasion américaine, sa défense fut pour les Japonais une question d'honneur.

 

23 FEVRIER 1945 : UNE PHOTOGRAPHIE, SYMBOLE DE L’ARMEE AMERICAINE TRIOMPHANTE

 

Iwo Jima 2Cette photo figure parmi les plus célèbres au monde car elle symbolise une armée américaine triomphante qui vient d'arracher aux Japonais une île stratégique, près du Japon, après les combats parmi les plus meurtriers de la guerre du Pacifique. Dans son livre 100 photos du siècle (Chêne, 2004), Marie-Monique Robin affirme que l'image a été reproduite sur 3,5 millions de posters, 15 000 panneaux d'affichage, 137 millions de timbres. Editée sur des bons du Trésor, elle a permis de lever 200 millions de dollars pour financer l'effort de guerre. Elle constitue probablement la photographie la plus diffusée de tous les temps.

Joe Rosenthal a pris son cliché le 23 février 1945, quand il était photographe pour l'agence américaine Associated Press (AP). Comme toutes les photos célèbres, celle-ci a été contestée : trop bien construite pour ne pas être une mise en scène. Rosenthal a reconnu plus tard qu'il n'a pas gagné le sommet de l'île où une autre photo avait déjà été faite. Il attendit juste que le second drapeau, plus grand, soit installé. Mais il n'a pas "fabriqué" une scène qui a d'ailleurs été filmée par un sergent américain.

"J'avais déjà beaucoup bourlingué avec les marines dans différents coins du Pacifique, a-t-il dit au Monde. Nous étions sur Iwo Jima depuis cinq jours de durs combats. Je m'étais absenté sur un navire de la Navy pour développer mes photos. De retour sur la plage, on m'annonce qu'une patrouille vient de partir pour le mont Suribachi, le sommet de l'île-  le point géographique culminant de Iwo Jima, un volcan éteint d'une altitude de 166 mètres, situé à l'extrémité sud de l'île.- Cette journée était décisive. L’ascension fut rude. Les gars lançaient des grenades pour se protéger des ennemis embusqués. Arrivé au sommet, j’ai vu les premiers soldats planter un petit drapeau. J’ai vu un marine qui tenait un drapeau beaucoup plus grand sous le bras. Le premier, c’est pour le souvenir, m’a-t-il dit. Celui-ci, c’est pour que les copains le voient de partout. Deux drapeaux, cela aurait annulé tous les effets. J’ai attendu qu’il plante le grand drapeau. Je manquais de recul, la photo risquait d’être mal cadrée. J’ai bricolé une plate-forme de fortune avec des pierres. Il fallait faire vite. Je suis redescendu, le cliché est parti pour New York sans que je puisse le voir. Cinq jours plus tard, j’ai reçu par radio des félicitations d’AP. Ai-je eu le sentiment de réussir un cliché historique ? Pas vraiment. Je ne suis pas une vedette, juste un photographe qui a eu de la chance, le temps d’un instantané. »

En effet en voyant la photo, le chef du bureau photo de l'Associated Press John Bodkin s'exclama « En voilà une qu'on n'est pas près d'oublier ! » et les photographies furent transmises par téléphotographie au siège de AP, à New York, à sept heures du matin. La photographie fut rapidement choisie par des centaines de journaux. Elle « fut distribuée par Associated Press moins de dix-sept heures et demi après que Rosenthal prit le cliché - un délai incroyablement rapide ».

Mark Grosset qui a publié un ouvrage sur Evgueni Khaldei aux Editions du Chêne nous apprend que la fameuse image du jeune soldat installant le drapeau soviétique sur les toits du Reichstag est inspirée d’une photo américaine, l’image de Joe Rosenthal.

VOIR :

http://hgsavinagiac.over-blog.com/article-photo-et-histoire-l-image-truquee-un-instrument-de-propagande-berlin-libere-par-les-sovietiques-et-photographie-par-evgueni-khaldei-51281328.html

http://www.amazon.fr/Khaldei-Un-photoreporter-Union-Sovi%C3%A9tique/dp/2842775481

 

 

Des six hommes présents sur la photographie, trois (Franklin Sousley, Harlon Block et Michael Strank) n’ont pas survécu à la bataille ; les trois survivants (John Bradley, Rene Gagnon et Ira Hayes) sont devenus célèbres.

iwojima Monument 2

C’est cette photo qui a guidé Felix de Weldon pour la conception du Mémorial des marines USMC War Memorial- au cimetière d’Arlington. En effet depuis 1954, une sculpture géante, réalisée d’après la photo, est installée au cimetière national d’Arlington, en hommage aux victimes d’Iwo Jima. pour la sculpture du situé à proximité du cimetière national d’Arlingtonn, non loin de Washington, D.C.

e 929 Twin Towers 3

La photo d’Iwo Jima reste dans tous les inconscients américains. Le 11 septembre 2001, les nouveaux héros sont les pompiers de New York présents sur les ruines fumantes des Twin Towers du World Trade Center.

Iwo Jima 4

Clint Eastwood sortit en octobre 2006 son film Flags of our Fathers, qui relatait le destin des six marines qui hissèrent le drapeau américain. Deux mois plus tard, le cinéaste sortit Letters from Iwo Jima, qui aborde le point de vue japonais de cet épisode dramatique.

  http://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9moires_de_nos_p%C3%A8res_(film)

 

LA POLEMIQUE SUR LA PHOTO DE JOE ROSENTHAL

 

Joe Rosenthal a en réalité photographié la deuxième installation de drapeau sur l'île ce jour-là. Le Iwo Jima 3drapeau américain a été hissé une première fois au sommet du Suribachi, dans la matinée du 23 février 1945. Le capitaine Dave E. Severance, commandant l'Easy Company (2e bataillon du 28e Marines, 5e division de Marines), ordonne au lieutenant Harold G. Schrier de confier à une patrouille la plantation d'un drapeau, afin de signaler à leurs camarades que le sommet est tombé aux mains des Américains. Après un échange de tirs, un drapeau de 137 cm par 71 est dressé, et photographié par le sergent d'état-major Louis R. Lowery, photographe pour Leatherneck magazine.[ ][][]Cependant, ce premier drapeau était trop petit pour être facilement repérable des plages voisines environnantes. Un 2nd drapeau plus grand fut placé et photographié par Rosenthal.

Rosenthal demanda ensuite aux Marines de l'Easy Company de poser pour une autre photo, qu'il appellera le cliché de « gung-ho ». [Ce cliché fut étudié dans un documentaire de Bill Genaust. Quelques jours après que les photos eurent été prises, de retour à Guam, on demanda à Rosenthal s'il avait demandé aux soldats de poser pour la photographie. Croyant que la question se référait au cliché de « gung-ho », il répondit par l'affirmative. Robert Sherrod, un correspondant pour le Time-Life, informa alors le siège de New York que la pose du drapeau avait été mise en scène par Rosenthal pour les besoins de la photographie. L'émission de radio du TIME, Time Views the News, diffusa l'information, et accusa le photographe « d'être monté sur le mont Suribachi après que le drapeau y fut planté… Comme la plupart des photographes qui ne peuvent s'empêcher de mettre en scène des personnages afin de reconstituer des scènes historiques ».[] Cette information explique qu’à plusieurs reprises Rosenthal fut accusé d'avoir volontairement mis en scène l'image ou d'avoir dissimulé la première pose du drapeau. Un critique littéraire du New York Times demanda même que le Prix Pulitzer lui soit retiré. Rosenthal ne cessa de réfuter l'accusation dont il était l'objet. « Il n'est pas dans ma nature de faire ce genre de chose. Je ne sais pas comment faire pour faire comprendre à quiconque ce que 50 ans de répétition signifient ».  Le documentaire de Genaust montre que la thèse selon laquelle la pose du drapeau fut mise en scène est erronée.

Joe Rosenthal a en réalité photographié la deuxième installation de drapeau sur l'île ce jour-là.

 

 

JOE ROSENTHAL, PHOTOGRAPHE DE GUERRE

 

Joe Rosenthal se qualifiait modestement de "type qui a joué en première division le temps de boire un café".

Né le 9 octobre 1911 à Washington, il rejoint, en 1932, le San Francisco News comme rédacteur et un photographe. En 1936, il commence à travailler pour APRES –Associated Press -  à San Francisco. Après un bref passage dans la marine marchande, AP lui fit couvrir le second conflit mondial à partir de 1944.

Rosenthal quitta AP après la guerre pour rejoindre le journal San Francisco Chronicle, où il travailla pendant 35 ans jusqu'à sa retraite.

Joe Rosenthal est mort le  20 août 2006 à Novato, près de San Francisco (Californie). Il était âgé de 94 ans. C’était 2 semaines avant l'ouverture de Visa pour l'image, le festival de photojournalisme de Perpignan, dont il était un habitué, arpentant les rues de la cité catalane avec son béret noir. Sa carrière était dense, mais les questions le ramenaient toujours à cette photo, qu'il racontait de bonne grâce.

« Il était le meilleur photographe", dit de lui Nick Ut, l'auteur en 1972 d'une autre icône du photojournalisme, la petite Vietnamienne nue et brûlée au napalm qui court en pleurant sur une route.

     VOIR :

http://hgsavinagiac.over-blog.com/article-photo-et-histoire-l-image-choc-un-facteur-de-l-evolution-historique-phan-thi-kim-phuc-l-enfant-symbole-du-viet-nam-51270992.html

 D’après Michel Guerrin

 

 http://fr.wikipedia.org/wiki/Raising_the_Flag_on_Iwo_Jima

http://eastwoodclint.free.fr/iwo_jima/iwo_jima.htm

Vidéos :

" Images d’histoire, histoires d’images ". Le rapport entre l’histoire et l’image soulève de nombreuses questions, dont certaines ont été abordées dans Courrier International n° 711 (17/06/2004).

l Une image peut-elle changer le cours de l’Histoire ? " La photo de la petite Vietnamienne brûlée au napalm a-t-elle amené l’opinion américaine à prendre position contre la guerre ? Ou bien l’opinion, avait-elle déjà basculé dans le camp des anti-guerre quand la photo a été publiée ? " Dagens Nyheter, Courrier. " Aucune image n’a modifié le cours des choses ni pesé sur les décisions des militaires et des politiques ", écrit de son côté Jacques Portes.

l Pourquoi la guerre occupe-t-elle une telle place dans les productions du photo-journalisme ? Dans quelles conditions les journalistes ont-ils travaillé pendant la guerre du Vietnam ? Je n’ai jamais cru que le monde ressemblait aux photographies ", dit David Hockney, qui pense que " la peinture peut-être un meilleur médium pour transmettre la vérité des situations extrêmes ". En quoi l’écho médiatique modifie-t-il le regard sur un événement ?

l  Toute photographie est une construction. Quelle est la part de spontanéité ? Quelle est la place de la mise en scène ? Quelle place occupe la subjectivité ? Que regarde-t-on dans une photographie ? è  Raising the Flag on Iwo Jima, la photo de Joe Rosenthal qui a guidé la conception du Mémorial des marines au cimetière d’Arlington ou la photo de la prise de Berlin par l’Armée Rouge en 1945.

 

Comment une image devient-elle une icône? Comment développer une approche rationnelle et faire une lecture critique d’images qui ont été produites en vue de susciter une émotion, voire un geste humanitaire ?

 

Autant de questions que nous devons nous poser face aux images qui envahissent notre quotidien.

 

 

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