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Blog géopolitique de D. Giacobi

LES LECONS DE LA CRISE DE 2007-2010 : UN TOURNANT DE LA PENSEE ECONOMIQUE ?

Viviane Forrester (« l’Horreur économique » Fayard 1996) dénonçant l'ultra-libéralisme écrivait : « les réseaux économiques privés transnationaux dominent de plus en plus les pouvoirs étatiques …. Ils commandent sans cesse davantage les institutions des divers pays et leurs politiques… ».

Jacques Delors remarquait en 1995 : «  Les élites du monde ont la tête dans le « village global » et la population dans le « territoire national ».

 


En 2009, les jurés du Nobel d’économie semblent nous dire : « le marché ne peut pas tout ».

 

Ce n’est sûrement pas un hasard si cette récompense intervient après un krach financier d’ampleur.
Les deux lauréats du prix Nobel d’économie enseignent dans des universités des Etats-Unis. Oliver Williamson a établi que le marché n’était pas la seule alternative en matière de coordination des activités humaines. Les agents économiques libéraux n’ont pas la rationalité parfaite que leur prêtent les économistes du néo-libéralisme, car  ils cherchent avant tout leur propre intérêt. Aussi sous certaines conditions il est préférable de recourir à l’organisation politique ou internationale plutôt qu’au marché, on parle du  courant néo-institutionnaliste. Autrement dit, le marché n’est pas l’unique solution pour réguler l’activité économique. (La crise récente de 2007-2009 l’a démontré avec le rôle majeur joué par les chefs d’Etat, les grandes organisations internationales et le G.20). D’un point de vue théorique c’est une remise en cause des positions des tenants purs et durs du tout-libéralisme, comme la puissante école de Chicago  ( avec notamment Gary Becker) qui prétendait expliquer toutes les aspects de la vie des hommes par un raisonnement marchand. Cependant des économistes français reprochent à Williamson de ne pas aller assez loin dans la critique du modèle néo-libéral .

Quant à Elinor Olstrom , professeure à l’Université d’Indiana, première femme à obtenir le prix Nobel d’économie, elle était moins connue. Le jury suédois qui l’a mise à l’honneur, met en avant que son travail « a démontré comment les co-propriétés peuvent être efficacement gérées par des associations d’usagers », réflexion qui montre une filiation avec le courant néo-institutionnaliste dont Williamson apparaît comme le chef de file. 



D'après:
http://www.usinenouvelle.com/article/nobel-d-economie-des-critiques-du-tout-marche-sont-primes.N118990

 

§ Dans Les Echos du 2 novembre 2009 ;
http://www.lesechos.fr/info/analyses/020196447359-que-cent-ecoles-d-economie-fleurissent-.htm

Naissance d’un Institut du nouveau courant de pensée économique (INET)
PAR JOSEPH STIGLITZ ET GEORGE  AKERLOF, PRIX NOBEL D'ECONOMIE

Introduction : La crise économique et financière a provoqué une profonde remise en cause de nombreuses idées reçues en économie. Si la science se définit par sa capacité à prévoir l'avenir, son inaptitude à anticiper la crise actuelle devrait être la cause d'une préoccupation majeure. 

 

 En fait, il y a une bien plus grande diversité d'idées que ce que l'on voudrait nous faire croire. Les lauréats 2009 du prix Nobel d'économie sont deux chercheurs dont le travail consiste à explorer des approches alternatives. Les sciences économiques ont généré une multitude d'idées, dont bon nombre prétendent que les marchés ne sont pas nécessairement ni efficients ni stables, ou que l'économie, et notre société, n'est pas correctement définie par les modélisations standards d'équilibres compétitifs utilisés par la majorité des économistes.

 § Pour les économistes comportementalistes, par exemple, les acteurs du marché se comportent souvent de manière peu rationnelle. De la même manière, l'approche économique des moyens modernes d'information montre que même si les marchés sont compétitifs, ils ne sont presque jamais efficients si l'information est imparfaite ou réservée à quelques initiés. 

§ De nombreuses études ont permis de démontrer que, même si l'on utilise les modèles de l'école de pensée économique dite des « attentes rationnelles », les marchés ne se comporteraient pas de manière stable, et qu'il peut y avoir des bulles financières. La crise a vraiment permis de faire la preuve du comportement souvent irrationnel des investisseurs ; mais les lacunes de certaines analyses étaient évidentes bien avant la crise.

§ De la même manière que la crise aura relancé le débat sur le besoin de régulation, elle aura aussi permis de redynamiser l'exploration de nouveaux courants de pensée qui permettraient de mieux appréhender le fonctionnement si compliqué de notre système économique - et qui, peut-être, permettront de développer des politiques qui empêcheront que ne se répète une telle situation de crise.

 

§ Fort heureusement, alors que certains économistes soutenaient l'idée de marchés autorégulés, d'autres prônaient d'autres approches. Parmi elles : les modélisations à base d'agents, qui encouragent la diversité des circonstances, les modélisations de réseau, qui se concentrent sur l'interaction complexe des entreprises (telles que celles qui facilitent les faillites en cascades), un regain d'intérêt pour le travail trop vite oublié de Hyman Minsky sur les crises financières (dont la fréquence a augmenté depuis qu'a débuté la dérégulation il y a quelque trente ans), et des modèles innovants qui tentent d'expliquer les dynamiques de la croissance.

 

§ Un des aspects les plus intéressants des sciences économiques actuellement est le rapprochement qui s'opère avec le travail des psychologues, des politologues, et des sociologues qui alimentent la réflexion des chercheurs. Il y a aussi beaucoup à apprendre d'une meilleure connaissance de l'histoire économique.

Malgré tout le bruit fait autour de l'innovation, il faut bien admettre que cette crise financière est remarquablement similaire aux précédentes, si ce n'est que la complexité des nouveaux produits financiers a quelque peu voilé la transparence et alimente les inquiétudes sur ce qui aurait pu se passer s'il n'y avait pas eu de plans de relance gouvernementaux.

 

§ Les idées ont leur importance, peut-être autant, si ce n'est plus, que l'intérêt personnel. Nos régulateurs et nos élus ont été pris en otage politiquement : la dérégulation rampante et l'incapacité d'adapter la structure de régulation aux nouveaux produits a fortement servi ces intérêts particuliers sur les marchés financiers.

Mais nos régulateurs et nos politiciens ont aussi été pris en otage intellectuellement.

 

§ Avec comme objectif d'aider à la naissance de nouvelles idées, la récente initative de George Soros de lancer, à l'université de l'Europe centrale à Budapest, un Institut du nouveau courant de pensée économique (Inet) est extrêmement intéressante. Des bourses de recherche, des symposiums, des conférences et une nouvelle revue sont des outils qui vont encourager l'éclosion de nouvelles idées et d'efforts de collaboration.

Il faut espérer que l'Inet  réussisse à attirer d'autres sources de soutien. Le seul engagement de cette initiative sera pour une « nouvelle pensée économique », au sens le plus large. Le mois dernier, Soros a réuni un groupe remarquable d'économistes de tout bord, aussi bien des théoriciens que des praticiens de l'économie, de gauche comme de droite, jeunes et moins jeunes, membres de l'establishment ou non, et ce afin de discuter des besoins et des perspectives d'une telle initiative, et des modalités de sa mise en oeuvre.

 

Conclusion : Un des courants dominants de la pensée économique de ces trente dernières années consistait à construire des modèles qui assuraient que les marchés fonctionnaient parfaitement. Cette hypothèse a masqué tout un pan de recherches qui permettraient d'expliquer pourquoi les marchés ne fonctionnent pas toujours parfaitement - pourquoi, en effet, y avait-il autant de défaillances des marchés.

Mais la bourse aux idées fonctionne aussi d'une manière qui n'est pas toujours idéale. Dans un monde où l'homme est faillible et dans lequel la compréhension de la complexité de l'économie est imparfaite, l'initiative de Soros porte en elle la promesse de poursuivre l'étude de courants de pensée alternatifs - et donc d'améliorer ne serait-ce que cette imperfection si coûteuse des marchés.


JOSEPH STIGLITZ ET GEORGE  AKERLOF
, PRIX NOBEL D'ECONOMIE, SONT RESPECTIVEMENT PROFESSEUR D'ECONOMIE À L'UNIVERSITE DE CALIFORNIE À BERKELEY ET PROFESSEUR À L'UNIVERSITE DE COLUMBIA.

§ Qui est George Soros ?

http://fr.wikipedia.org/wiki/George_Soros

 

§ Qui est Joseph E. Stiglitz ?

http://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_Eugene_Stiglitz

 

§ Qui est George Akerlof ?

http://fr.wikipedia.org/wiki/George_Akerlof

 

§ Stiglitz et Akerlof sont les principaux  représentants  du nouveau Keynésianisme :

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Nouveau_keyn%C3%A9sianisme.

 

§ Les penseurs novateurs s'unissent afin de relever les défis de la crise économique mondiale ; création de l'INET, Institut du nouveau courant de pensée économique :

 

NEW YORK et BUDAPEST, Hongrie, October 27 /PRNewswire/ --

http://www.generation-nt.com/penseurs-novateurs-unissent-afin-relever-defis-newswire-897381.html

 

- Les économistes et les décideurs de premier plan, dont les lauréats du prix Nobel George Akerlof, Sir James Mirrlees, A. Michael Spence et Joseph Stiglitz, se rallient pour générer un nouveau courant de pensée.

 

- George Soros appuie le nouvel institut avec une contribution de 50 millions USD

En réponse aux défis stratégiques engendrés par la crise économique actuelle et au besoin de développer une approche novatrice à la théorie économique, un groupe d'universitaires, de décideurs, et de leaders du secteur privé de premier plan ont annoncé aujourd'hui la création de l'Institute for New Economic Thinking (INET, Institut du nouveau courant de pensée économique). www.ineteconomics.org

 

Les membres fondateurs du conseil consultatif d'INET incluent les lauréats du prix Nobel George Akerlof, Sir James Mirrlees, A. Michael Spence et Joseph E. Stiglitz, Willem Buiter, Markus K. Brunnermeier, Robert Dugger, Duncan Foley, Thomas Ferguson, Roman Frydman, Ian Goldin, Charles Goodhart, Anatole Kaletsky, John Kay, Axel Leijonhufvud, Perry Mehrling, Y.V. Reddy, Ken Rogoff, Jeffrey Sachs, John Shattuck, William R. White, et Yu Yongding.

 

L'institut a été établi avec une contribution de 5 millions USD par an pour une période de 10 ans du président de l'Open Society Institute, George Soros, un critique de longue date de la théorie économique classique, qui financera l'effort par l'entremise de la Central European University (CEU).

 

L'institut offrira des subventions de recherche, convoquera des symposiums et mettra sur pied une revue.

Une première conférence se tiendra au King's College, à Cambridge, du 9 au 11 avril. Les universitaires se pencheront sur les implications de la crise financière en ce qui touche les politiques réglementaires. La première ronde de subventions de recherche sera réalisée avant la fin de l'année aux étudiants universitaires avant-gardistes qui travaillent en collaboration avec les meilleures universités de partout au monde. Le poste de directeur général d'INET sera occupé par Robert Johnson, un économiste possédant une grande expérience dans les milieux gouvernementaux, universitaires et dans le secteur privé.

 

§ Dans son article sur la création d'INET, le professeur Stiglitz écrivait : La crise financière a donné naissance à un moment de réflexion profonde au sein de la profession économique, et a permis de tester plusieurs idées de longue date. Si la science est définie par son habileté à prévoir le futur, son inaptitude à anticiper la crise actuelle devrait être la cause d'une préoccupation majeure.

 

§ S'exprimant à Budapest, à la CEU, par laquelle INET sera financé et qui servira pivot pour le réseau INET, M. Soros affirmait : La structure complète des marchés financiers mondiaux a été érigée sur la prémisse erronée selon laquelle les marchés peuvent être laissés à eux-mêmes, et nous devons donc trouver un nouveau paradigme et tout reconstruire. J'ai décidé de sponsoriser INET dans le but de faciliter ce processus. J'espère que d'autres se joindront à moi.

Puisqu'il est à la fois le bienfaiteur d'INET et le promoteur d'une théorie particulière, la réflexivité, M. Soros a déclaré qu'il se retirera du processus de subvention : Bien que je souhaite que la réflexivité soit l'un des concepts étudiés, il existe de nombreuses facettes à la doctrine dominante qui doivent encore être explorées , a ajouté M. Soros.

 

Contact : Robert Johnson : +1-212-444-9137; RAJ@ineteconomics.org

 

 

Source(s) : Institute for New Economic Thinking (INET)

 

 

 



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