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Blog géopolitique de D. Giacobi

INTERDICTION DU VOILE A L’ECOLE EN FRANCE ENTRE 1989 ET 2004. RETOUR SUR IMAGES : VOILE ISLAMIQUE INTEGRAL ET BURQA, DEBAT GEOPOLITIQUE (3ème article)

Aujourd'hui le débat sur le voile intégral en France prend souvent une tournure géopolitique en raison de ses liensSantayana George Co Time avec la question de l’intégration et des relations avec l’Islam et avec l’Islamisme. Une nouvelle fois « le choc des civilisations » pointe son nez dans ce débat.

 

« Ceux qui ne peuvent se rappeler le passé sont condamnés à le revivre »  écrit l’écrivain américain George Santayana.

 

Il est très éclairant de relire l’histoire de l’interdiction du voile à l’école entre 1989 et 2004 pour mieux comprendre le débat actuel sur le voile intégral.

 

Articles précédents:

http://hgsavinagiac.over-blog.com/article-voile-islamique-integral-et-burqa-des-faits-pour-batir-son-opinion-53671199.html

 

http://hgsavinagiac.over-blog.com/article-interdiction-du-voile-a-l-ecole-en-france-entre-1989-et-2004-retour-sur-images-voile-islamique-integral-et-burqa-debat-geopolitique-2eme-article-53752496.html

 

Article suivant :

 

Voir :

http://hgsavinagiac.over-blog.com/article-y-a-t-il-un-choc-des-civilisations-minarets-en-suisse-et-voile-islamique-50869154.html

& aussi :

http://hgsavinagiac.over-blog.com/article-memoires-rivales-et-choc-des-civilisations-chronique-de-la-destruction-des-bouddhas-de-bamiyan-en-afghanistan-par-les-talibans-50911957.html

 

D/ La loi du 15 mars 2004

La loi du 15 mars 2004 « encadrant, en application du principe de laïcité, le port de signes ou deStasi Laicite et Repub Co Doc Frse tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics », appelée parfois « loi sur le voile islamique », a été votée par l’Assemblée nationale le 10 février 2004 avec 494 voix pour contre 36   puis par le Sénat en mars 2004. Elle interdit le port de tout signe religieux « ostensible », c'est à dire visible et porté dans l'intention d'être vus - manifestant ainsi non plus l'appartenance à une religion mais une volonté politique - ce qui inclut le voile islamique mais aussi la kippa juive, le turban sikh et le port de grandes croix chrétiennes. La loi permet le port de symboles discrets de sa foi, tels que petites croix, médailles religieuses, étoiles de David, ou mains de Fatima. Elle prévoit une "phase de dialogue" avec le chef d’établissement avant toute exclusion.

 

Cette loi « particulièrement courte » est complétée par une circulaire interprétative du 18 mai 2004 qui a été publiée au Journal officiel du 22 mai 2004. Les Ct loi 2004 bsignes et les tenues qui manifestent ostensiblement une appartenance religieuse sont interdits dans les établissements scolaires publics : écoles, collèges, lycées, classes préparatoires... La circulaire indique que la loi sur la laïcité s'applique à toutes les activités placées sous la responsabilité des établissements, qu'elles se déroulent à l'intérieur des établissements scolaires ou non. Les élèves ont le droit cependant de porter des signes religieux discrets contrairement aux agents contribuant au service public de l'éducation (et ce quels que soient leur fonction et leur statut). Cette circulaire remplace trois circulaires antérieures, parues en 1989, 1993 et 1994 relatives au respect de la laïcité, au port de signes religieux par les élèves et au caractère obligatoire des enseignements.

Le Conseil d’Etat a statué le 5 décembre 2007 que l'interdiction s'appliquait également aux signes etdelanoe Bertrand tenues démontrant une affiliation religieuse par le simple comportement de l'élève et a ainsi confirmé l'interdiction du port d'un sous-turban sikh et d'un bandana. 

Le tribunal administratif de Melun a rejeté le recours de trois lycéens sikhs qui demandaient à être réintégrés dans leur lycée de Bobigny, après en avoir été exclus en novembre 2004, au prétexte qu'ils portaient un sous-turban (Le Monde des 14 et 19 avril 2005).

Le domaine d'application de la loi est très clairement limité à celui du comportement des élèves du secondaire et du primaire et ne règle donc pas la question des tenues des parents ou de celui des étudiants, élèves des universités.

 

VIDEO : Bertrand Delanoë, maire de Paris évoque la Loi de 2004 :

 

 

En juin 2003 au département d'études arabes de Langues'O, dans les locaux de l'universitéCt loi 2004 Co Hijab and the city Paris III, à Asnières (Hauts-de-Seine). Le directeur, Jean Tardy, est excédé : à lire la revue en ligne proche-orient.info, "nous serions un repère d'intégristes". Dans son article, le journaliste affirme que l'Institut national appliqué des langues et civilisations orientales (Inalco) "est en proie à une poussée islamiste sans précédent". Sans les dater, il s'appuie sur des "faits" qui lui ont été "relatés directement".

M. Tardy en confirme certains. En 2001, des étudiantes musulmanes ont réclamé un lieu de prière qui leur a été refusé. "Il y a des mosquées autour de l'université", leur a expliqué le président de l'Inalco, Gilles Delouche. Une jeune femme a refusé de passer un oral avec un homme. "C'est ça ou zéro", lui a-t-on dit. Elle a obtempéré, assure M. Tardy. Des étudiants se sont rebiffés contre une enseignante qui leur faisait étudier un poème sur un fond musical : "Le Coran l'interdit", lui a dit un élève, qui l'a menacée verbalement. Soumise à de "fortes pressions", la professeure préfère ne pas s'exprimer.

En revanche, le directeur du département d'études arabes "dément formellement" qu'une des femmes porte "la burqa" en cours. "C'est l'habit des femmes afghanes, qui ont le visage caché derrière un grillage. En dix ans, je n'en ai vu aucune", dit M. Tardy.

Derrière la sérénité affichée, les enseignants sont vigilants. M. Delouche dit avoir reçu "cinq lettres" d'élèves décrivant "une atmosphère oppressante" ; "Du style : ne parle pas du problème du voile, ce sera mieux pour toi", résume-t-il. Lors d'une réunion interne, les professeurs du département d'études arabes ont évoqué les problèmes qu'ils avaient rencontrés. "L'un d'eux a raconté qu'il s'autocensurait pour éviter des incidents", témoigne M. Delouche.

La loi de 1905 sur la laïcité ne s'appliquant pas à l'université, "seule l'identité des étudiants peut y être contrôlée", ont constaté les enseignants. (D’après Clarisse FABRE- LE MONDE 11 juin 2003)

 

§ Le débat sur la laïcité a pesé sur la marche des femmes, qui a rassemblé, samedi 6 mars 2004 à Paris, 7000 personnes - selon la police - et mis en lumière les divisions qui traversent associations et mouvements politiques.  En tête, défilait le Collectif national pour les droits des femmes (CNDF) dont l'appel, privilégiant la lutte "contre la politique de régression sociale du gouvernement", avait été signé par 80 organisations. Derrière une bannière affirmant "emploi, sexualité, laïcité, mixité, les droits des femmes sont menacés", marchent les féministes de la première heure. Comme Maya Surduts, porte-parole du collectif : "Nous dénonçons le voile, mais il n'est pas notre unique préoccupation. Les femmes sont les premières victimes des attaques sociales du gouvernement." Suivent les partis - Marie-George Buffet (PCF), Anne Hidalgo (PS), Alain Krivine (LCR) -, les syndicats, le Mouvement pour la libération de la femme (MLF). Des manifestants ont pendu des poupées Barbie à des gibets de fortune. "Non aux normes sexistes", proclament-ils au milieu d'un défilé qui mêle ambiance années 1970 et lutte sociale.

2004 Protestation Marseille Co APQuelques dizaines de mètres en arrière, le son est plutôt rap. Un deuxième cortège brandit des pancartes "Touche pas à ma pote" en forme de main rose. Aux côtés d'une cinquantaine de filles voilées, elle regrette que "le féminisme ait été instrumentalisé par les partisans de la loi". Souriante sous son hidjab, Nabila, 20 ans, explique : "En France, on porte le foulard comme un acte libre." Devant ce collectif, la LCR, qui défilait dans le premier cortège, a placé deux rangs de service d'ordre, histoire de montrer qu'elle n'y est en rien associée, même si son organisation de jeunesse - les JCR - et deux de sesCt loi 2004 dirigeants ont pris place aux côtés des filles voilées.

   2004 03 06 djakarta Indonesie manif dv ambassade FR Un peu partout dans le monde musulman des manifestations éclatent contre la vote de la loi par le Parlement français comme en Indonésie, en Iran ou au Pakistan.

 

§ Dès août 2004 environ huit collèges et lycées sur dix avaient procédé à une modification de leur règlement intérieur afin de le mettre en conformité avec la loi du 15 mars 2004 interdisant les signes religieux ostensibles à l'école, selon les synthèses transmises par les recteurs d'académie au cours d'une réunion avec François Fillon, ministre de l'Education nationale,  le  26 août 2004. "Il a souligné qu'il n'y aurait pas de dérogation dans l'application de la loi et que, dans le même temps, l'Education nationale devait parvenir à remplir son objectif principal, celui de l'intégration". Dans la plupart des cas, les conseils d'administration ont repris le modèle de modification suggéré par la circulaire d'application de la loi: "Conformément aux dispositions de l'article L. 141-5-1 du code de l'éducation, le port de signes ou de tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit. Lorsqu'un élève méconnaît l'interdiction posée à l'alinéa précédent, le chef d'établissement organise un dialogue avec cet élève avant l'engagement de toute procédure disciplinaire." Une petite partie des établissements ont choisi d'interdire tous les couvre-chefs à l'intérieur de la classe - une décision qui n'était pas exclue par la circulaire. Les collèges et lycées qui n'ont pas révisé leur règlement intérieur pouvaient le faire mais "quoi qu'il arrive, la loi s'applique même si les règlements intérieurs n'ont pas été modifiés", rappelait le ministère. Le Syndicat national des personnels de direction de l'éducation nationale (SNPDEN), majoritaire chez les proviseurs et les principaux, rappelait sa volonté d'une application stricte de la loi. "Nous ferons respecter la loi, fermement et absolument. Il n'est pas question que des jeunes puissent arborer des signes de reconnaissance religieuse ou communautaire à l'école", insista le secrétaire général, Philippe Guittet, sur France-Inter.         (D’après Luc Bronner - LE MONDE 27 août  2004)

 

 2 septembre 2004 : Retours sur image : 1ère rentrée après la Loi sur les signes religieux ostentatoires  (D’après les correspondants locaux du journal   LA  CROIX  03 septembre  2004)

 

 § Le symbole Henri-Wallon à Aubervilliers.

Une dizaine de caméras sont postées dès 8 heures devant les grilles du lycée Henri-Wallon à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) où ont été exclues Alma et Lila Lévy en octobre 2003. Il y avait là deux chaînes allemandes, une télévision japonaise, Fox News, CNN et la chaîne iranienne Al Alam. "C'est l'ONU ici", lance un journaliste d'un ton moqueur. Un dispositif d'accueil a été mis en place pour les élèves : la nouvelle proviseure et les conseillers principaux d'éducation attendent les élèves. Si une jeune fille se présente en voile ou en fichu, elle est priée de l'ôter. En cas de refus, elle est conduite vers une "salle de dialogue" aménagée dans les locaux administratifs. Ce jeudi, le cas ne s'est pas présenté. Philippe Darriulat, professeur à Henri-Wallon, pense que la rentrée se passera bien : "Mais le fichu qui jusque-là était admis, ne sera plus toléré." Une jeune fille se présente avec un bandeau blanc qui lui couvre la moitié des cheveux : "Cela n'a rien à voir avec la religion", dit-elle et ajoute : "Si on me demande de l'enlever, je prierai Allah." Elle passe sans encombre le comité d'accueil.

 

 § Dans le Nord : "On traite les jeunes filles voilées comme des extraterrestres".

Sur l'esplanade du lycée Raymond-Queneau à Villeneuve-d'Ascq (Nord), les petits groupes d'élèves venus un peu en avance, angoissés par la rentrée, étaient moins nombreux que les micros et les caméras. Nombre d'entre eux s'éparpillent d'ailleurs dans le parc attenant, à l'abri des objectifs. Ce lycée tranquille de la banlieue lilloise détenait à la rentrée scolaire 2003 un record national non officiel avec 58 jeunes filles voilées. Grâce à un travail de dialogue entre élèves, parents et professeurs, 31 d'entre elles avaient accepté de ne plus le porter en classe. La matinée est calme mais la première jeune fille portant le voile rebrousse chemin face à la haie de journalistes. Elève de première, elle ne fait aujourd'hui qu'accompagner son amie Hanane, qui rentre en seconde ce matin. Hanane est scandalisée : "C'est pas normal. On les traite comme des extraterrestres ! Avec ce comportement débile, elles vont être obligées de l'enlever." L'inquiétude reste grande pour demain, jour où rentrent les premières et terminales. Ce sera le cas pour Asma, qui porte un voile mauve très serré autour de la tête : "Je viendrai avec mon voile demain, même si je compte l'enlever en rentrant dans le lycée. Je trouve que cette loi n'est pas juste. Je ne parle jamais de ma religion avec les autres. C'est personnel et je ne vois pas ce qu'il y a dérangeant", explique la jeune fille. "Aujourd'hui, poursuit-elle, j'éprouve surtout un sentiment de gêne. Ça va me faire bizarre de l'enlever. Ça m'est arrivé qu'une seule fois dans les vestiaires de sports de l'école. J'aurai besoin d'un temps d'adaptation. Mais je n'ai pas le choix. Si je veux devenir quelqu'un dans cette société, je dois poursuivre mes études." Le proviseur, Armand Martin, s'est exprimé brièvement aux portes du lycée et ne veut pas anticiper les prochains jours. "Chaque chose en son temps. Aujourd'hui, tout s'est très bien passé. Nous restons vigilants. On va vérifier tous les matins au passage des élèves dans le hall que l'habitude est bien prise. Je pense que cette loi est apaisante. On ne ressent pas les mêmes tensions que l'an dernier. Aujourd'hui, tous les élèves sont sur un pied d'égalité. C'est beaucoup plus clair et pour tout le monde." Le règlement intérieur a lui-même évolué : désormais, tout couvre-chef - casquette, bonnet et même bandana - est désormais interdit.

 

 § A Drancy, la sérénité de Leïla, jeune fille voilée.

Un peu à l'écart des autres élèves, une jeune fille attend sagement la rentrée des classes devant le lycée Eugène-Delacroix à Drancy (Seine-Saint-Denis). Son voile rouge et noir cache totalement ses cheveux et son cou. D'origine marocaine, Leïla (son nom a été changé), 17 ans, rentre en première année de BEP. Elle porte le voile depuis l'âge de 12 ans et affiche une grande sérénité par rapport à son choix. "Je vais retirer mon voile avant de rentrer comme je le faisais au collège à la demande du chef d'établissement, explique-t-elle d'une voix douce. Je suis musulmane. Mais la République française me demande de le faire." Personnellement, Leïla avoue ne pas comprendre la logique de la loi contre les signes religieux à l'école qu'elle a vécue au départ comme une sanction. "Mais, déclare-t-elle, on est tous français et on doit respecter les lois." Depuis la prise d'otages des deux journalistes français en Irak, la jeune fille craint que le regard que portent les gens sur elle dans la rue ne se durcisse. "C'est horrible ce qu'on a fait à ces journalistes, dit-elle, ce sont nos compatriotes." Il est 8 h 30. Les portes du lycée s'ouvrent. En franchissant le seuil de l'établissement, Leïla fait glisser doucement son voile le long de ses épaules avant de le mettre dans son sac. Le proviseur accueille les élèves le sourire aux lèvres. L'an passé, une dizaine de jeunes filles voilées ont fréquenté l'établissement. Aucune exclusion n'avait été prononcée mais deux élèves s'étaient exclues d'elles-mêmes faute d'avoir effectué leur stage à l'hôpital : elles refusaient de se découvrir les bras et les chevilles. "La loi sera appliquée avec fermeté et doigté, explique Raymond Scieux, le proviseur du lycée. Si des jeunes filles refusent d'enlever leur voile, je les accueillerai dans une salle à part, je rappellerai la loi et entamerai le dialogue avec leurs parents."

 

  § A Mulhouse, le soulagement du proviseur.

"Il n'y en a pas. Ouf..."Venu surveiller discrètement l'arrivée des élèves des classes de seconde, Gérard Greilsammer, proviseur du lycée professionnel du Rebberg à Mulhouse (Haut-Rhin), est visiblement soulagé. Ce jeudi matin, il est intervenu auprès de deux garçons auxquels il a demandé d'ôter leur casquette dans la cour de récréation. "Tous les couvre-chefs sont proscrits désormais", indique-t-il. De 15 à 20 filles voilées fréquentaient le lycée l'an dernier. "La plupart des enseignants, sauf deux ou trois, n'avaient pas fait d'objection à ce qu'elles soient scolarisées. Certaines enlevaient leur voile dans certains cours, mais pas dans d'autres", indique-t-il. Le proviseur avait demandé en juin aux élèves voilées qui restaient scolarisées dans son établissement de s'engager à respecter le règlement et la loi. "Toutes ont signé", affirme M. Greilsammer qui veut rester prudent : "Ce n'est pas encore gagné, des jeunes filles voilées peuvent revenir quand la pression sera tombée."

 

 § Rentrée tranquille au lycée Turgot, à Paris.

Ni voiles ni trompettes au lycée Turgot dans le 3ème  arrondissement de Paris où un reportage télévisé - très critiqué par les élèves - avait fait état, il y a un an, de vives tensions communautaires. "Pourquoi voulez-vous qu'il y ait des problèmes ?", disent sans aménité trois lycéennes qui écrasent leur dernière cigarette avant de rentrer dans le lycée. Ici on parle des vacances, là du prochain week-end. Certains évoquent leurs futurs professeurs mais, ce matin, dans le centre de Paris, il n'y a pas d'affaire de voile.

 

§ Juillet 2005 = Le rapport-bilan rédigé un an après le vote de la loi ne cache pas la tension découlant de l'entrée en vigueur de la loi. Un chantage fut mené par des extrémistes religieux. Le 20 aoûtdrapeaubbrislam 2004 des membres de « l’Armée islamique en Irak »ont pris en otage deux journalistes français et leur chauffeur revendiquant « l’annulation de la loi » sous 48 heures.

Le bilan de la première année est jugé positif mais les acquis de la loi apparaisent alors  "fragiles"  selon l'analyse dressée par l'inspectrice générale de l'éducation nationale Hanifa Chérifi, ancienne membre de la commission Stasi sur la laïcité et responsable de la cellule de veille du ministère de l'éducation sur l'application de la loi,  dans un rapport de 72 pages remis en juillet 2005 au ministre de l'Education nationale, Gilles de Robien. Le document appelait  à la "vigilance" à avant la rentrée 2005.

Le bilan quantitatif est jugé satisfaisant. "Le nombre total de signes religieux recensés au cours de l'année 2004-2005 est de 639, soit deux grandes croix, onze turbans sikhs, et les autres signes, tous des voiles islamiques" , ce qui représente, au total, "moins de 50 % des signes recensés l'année précédente" , selon Mme Chérifi. "L'essentiel des signes, ­ plus de 82 % ­ se concentre dans six académies  comptantt une population immigrée importante" selon le rapport. Les académies les plus touchées sont Strasbourg (208 signes), Lille (118), Créteil (70), Montpellier (61), Versailles (38) et Lyon (32). La grande majorité des élèves (496) ont accepté de retirer leur signe religieux. Les refus ont débouché sur 47 exclusions définitives des établissements (44 pour le port de voiles, 3 pour des turbans sikhs). Le rapport évoque également les solutions "alternatives" aux exclusions, qui ont débouché sur le départ volontaire des élèves de leur établissement : 96 élèves ont ainsi préféré s'inscrire dans le privé, en France ou à l'étranger, ou faire appel au Centre national d'enseignement à distance (CNED). Selon le rapport, 28 recours devant les tribunaux ont été déposés par des élèves exclus. Les douze premiers jugements rendus ont confirmé les décisions d'exclusion.

Le bilan qualitatif était plus mitigé. "On peut affirmer, sur la base d'informations directement recueillies auprès de chefs d'établissement et celles transmises par les correspondants académiques, que nombre de jeunes filles et de parents ont vécu comme une libération l'application de la loi" , indique Mme Chérifi. Mais l'inspectrice générale reste prudente sur la mise en œuvre future de la loi : "Il convient évidemment de ne pas considérer comme définitivement réglée la question des signes religieux à l'école, et plus spécifiquement celle du voile islamique." Le rapport signale notamment que, "si certaines élèves ont abandonné leur voile à la faveur de l'application de la loi, d'autres le remettent à la sortie des établissements" . Un commentaire étonnant dans la mesure où la loi sur les signes religieux ostensibles n'a pas vocation à s'appliquer en dehors de l'école. manif-pmf

Pour l'année scolaire 2005-2006, Mme Chérifi suggèrait de "ramener la durée du dialogue -entre la famille et les responsables de l'établissement- à une ou deux semaines" : en 2004-2005, les procédures de "dialogue", pendant lesquelles les élèves n'avaient pas le droit d'assister aux cours, s'étaient étalées sur un mois et demi. Ces mises à l'écart provisoires risquaient d'être invalidées par les tribunaux, comme l'avait montré la décision du tribunal administratif de Strasbourg, fin juillet 2005.

 

Source : Légifrance, Circulaire pour la mise en oeuvre du principe de laïcité dans les écoles

 

5 ans plus tard la loi sur les signes ostentatoires est toujours constestée au nom de la liberté de religion dans certains milieux musulmans.

 

E/ Une TENTATIVE D’ANALYSE DES PROBLEMES : Le rapport de la Cour des comptes de décembre 2004 :

  philippe-seguin prd Cour des cptesDans un rapport la Cour des comptes recense les carences et les incohérences des politiques d'immigration et d'intégration menées en France depuis trente ans. Cette évaluation avait été lancée en 2003  par Philippe Séguin, président de la Cour des comptes. Premier constat : la situation d'une partie de la population issue de l'immigration est «plus que préoccupante». Que ce soit en matière de logement, d'emploi ou d'éducation, «les résultats des efforts consentis par les pouvoirs publics sont peu probants». Ces mauvais résultats sont «à l'origine de dysfonctionnements graves du corps social, lourds de menaces pour l'avenir».

Le dossier de l'immigration se circonscrit à «trois difficultés majeures dont le traitement a jusqu'ici débouché sur un triple échec aussi pénalisant pour les intéressés que pour la collectivité nationale» :

1°) la concentration d'une part importante des immigrés dans des zones dont les difficultés connaissent un développement quasi exponentiel ;

2°) la situation économique, sociale et personnelle d'un grand nombre d'immigrants et de leurs enfants dont certains ont à faire face à des pratiques discriminatoires ;

3°) le nombre et les conditions de vie des étrangers en situation irrégulière.

La Cour des comptes notait que les deux premiers «échecs» sont lourds d'implications : «le regroupement - spontané, toléré ou encouragé - de la population dans les secteurs géographiques difficiles a des effets négatifs qui se cumulent, écrivent ainsi les auteurs du rapport. Non seulement les efforts d'intégration n'ont plus aucune portée mais tous ceux qui auraient pu être consentis antérieurement verraient leurs effets progressivement atténués, voire anéantis». Le troisième «échec» a pour conséquence de «contraindre les intéressés à une existence précaire» et entraîne «toute une série de désordres coûteux en termes moraux et financiers pour la collectivité (travail clandestin, délinquance).»

«Cette situation de crise n'est pas le produit de l'immigration, écrivent les auteurs du rapport. Elle est le résultat de la manière dont l'immigration a été traitée» depuis des décennies. Selon la Cour des comptes, les pouvoirs publics ont toujours mis la priorité sur les questions d'entrée et de séjour des étrangers - depuis 1974, l'ordonnance de 1945 a été remanié 33 fois -, mais ont négligé l'accueil des migrants et l'intégration des populations issues de l'immigration. La Cour observe ainsi que les politiques d'intégration, «mal définies dans leurs objectifs et leurs principes», sont parfois menées de manière «incohérente», flou entretenu par «une réelle méconnaissance des publics concernés».

Le rapport critiquait la multiplication des structures chargées d'intervenir dans le secteur de l'intégration. Pas moins de 15 ministres, 6 ministres délégués et 6 secrétaires d'État ont été mobilisés pour la préparation et la mise en œuvre des décisions du comité interministériel à l'intégration du printemps 2003. La Cour regrettait que les différents ministères ne coordonnent pas leurs actions et mènent parfois des «politiques contradictoires».

La Cour des comptes mettait en cause les organismes ou associations chargées de l’intégration (OMI, Fasild, SSAE, Geld  - Office des migrations internationales, Fonds d’action et de soutien pour l’intégration et la lutte contre les discriminations, Services sociaux d’aide aux émigrants, Groupe d’étude et de lutte contre les discriminations.- ), qui «ont souvent bénéficié d’une latitude qu’ils ne semblent pas toujours avoir su utiliser» : «Associations abonnées aux subventions», «financements multiples et croisés», «superposition des dispositifs», «dépenses non réellement maîtrisées». Le rapport regrettait que l’État – via la Direction des populations et des migrations (DPM) du ministère des affaires sociales ou le Fasild – ne soit pas plus rigoureux. Ainsi, l’examen de quelques dispositifs gérés par la DPM montre que celle-ci «peine à les animer et à en assurer le suivi». C’est le cas des plates-formes d’accueil mises en place pour les nouveaux migrants. Fin janvier 2004, 15 départements ne disposaient toujours pas de programme. La cour cite encore d’autresPhilippe-Seguin-J Chirac exemples de gaspillage des fonds publics, comme celui de l’Agence pour le développement des relations interculturelles (Adri), dont l’action est jugée totalement «inefficace» par la cour. «Les structures en charge de l’immigration sont indéniablement un héritage du passé», lisait-on dans le rapport, et paraissent inadaptées. Autre critique formulée : le manque de lisibilité des dépenses de l’État affectées à l’accueil des immigrants et à l’intégration.

Pour pallier ces dysfonctionnements, la cour préconisait la création d’une structure dotée d’une «réelle autorité interministérielle» et placée auprès du premier ministre, afin de mettre en œuvre «une politique claire en matière d’immigration et d’intégration». Le rapport préconise «une transparence financière, une définition plus nette des objectifs poursuivis et la justification des crédits inscrits».

 (D’après Solenn DE ROYER  - LA CROIX  27 septembre  2004)

 

F/ Etudier le fait religieux à l'école

L’opinion publique, dans sa grande majorité, approuve l’idée de renforcer l’étude du fait religieux à l’école publique. Les rapports du recteur Philippe Joutard en 1989 et de Régis Debray en 2002 ont montré que la connaissance des cultures religieuses était nécessaires à l’intelligence des sociétés actuelles, de leur passé et de leur présent, de leur patrimoine littéraire et artistique, de leur système juridique et politique.

Peu à peu des enseignements des faits religieux s’imposent au sein des programmes et des enseignements.

Dans cette perspective, La Documentation française propose, dans la collection «La Documentation photographique», un numéro sur «le fait religieux en France», qui retrace, à travers des documents et une riche iconographie, les évolutions des trois grandes familles confessionnelles dans la France contemporaine (christianisme, judaïsme, islam).

Régis Debray publie alors un ouvrage d'une grande richesse de réflexion et d'érudition, Prix Combourg en 2003 : "Dieu, un itinéraire".Debray Regis Co AFP

Regis Debray livre a

Regis Debray livre b

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Références sur le Web :

 

La Circulaire Bayrou de 1994 :

http://www.crdp-nice.net/editions/supplements/2-86629-399-1/F6_4_CircBayrou.pdf

http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/laicite/laicite-ecole.shtml

 

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