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Blog géopolitique de D. Giacobi

De 2010 à 2016, du bus à la gloire de Staline à Saint-Pétersbourg au bus tchèque faisant la pub pour Auschwitz : les ratés de la mémoire et la banalisation des dictatures.

La récente affaire du bus tchèque faisant la pub pour le tourisme à Auschwitz doit faire réagir contre toutes les formes de banalisation de l’horreur et des dictatures de tous ordres.

En mai 2010, pour commémorer le 65ème anniversaire de la Victoire de l’URSS sur l’Allemagne nazie le 9 mai 1945, un bus de la compagnie privée de transports Set Passajirskikh Perevozok décoré, suite à une initiative privée, du portrait de Joseph Staline en uniforme de maréchal, le regard lointain sans doute en direction de sa postérité, entouré de jeunes filles qui l’acclament, parcourut la Perspective Nevski, principale artère de Saint-Pétersbourg. Viktor Loguinov, un jeune internaute russe, avait lancé un appel aux dons sur son site internet et avait réussi à collecter près de 1000€ destinés à payer la location d'un encart sur le bus pour y afficher le portrait. Il déclarait : "Nous n'avons pas d'intention de disculper Staline (...) mais nous aspirons seulement à souligner son rôle-clé dans la victoire" (ce qui est d'ailleurs contestable, car, avant-guerre, les purges staliniennes dans l’armée et chez les généraux avaient gravement affaibli l’Armée Rouge en la désorganisant) ; il n’empêche que là encore on assiste à une banalisation des crimes. Pour les défenseurs des droits de l'homme, certains dirigeants russes, à commencer par Vladimir Poutine, alors Premier ministre, n’ont pas cessé de chercher à minimiser les atrocités commises sous Staline en insistant sur les réalisations du dictateur au profit de la grandeur de la nation russe.

Découvrir le livre noir du Communisme :

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Les historiens – comme Stéphane Courtois ou Nicolas Werth - qui ont travaillé depuis la chute du communisme en Europe en 1991 estiment que le nombre des victimes politiques du stalinisme se situe entre 4 et 10 millions, et en incluant les victimes des famines – notamment en Ukraine -on atteint plus de 20 millions.

De 2010 à 2016, du bus à la gloire de Staline à Saint-Pétersbourg au bus tchèque faisant la pub pour Auschwitz : les ratés de la mémoire et la banalisation des dictatures.

Alors qu’Hitler arrive au pouvoir en janvier 1933, se déroule la famine en Ukraine en 1932-1933, organisée par Staline pour briser la résistance à la collectivisation. Elle provoqua 4 millions de morts, elle fut le plus grand crime de masse du stalinisme selon Nicolas Werth. Elle est connue sous le nom d'«Holodomor» («extermination par la faim» en ukrainien).

Scène de rue à Kharkov

Scène de rue à Kharkov

De 2010 à 2016, du bus à la gloire de Staline à Saint-Pétersbourg au bus tchèque faisant la pub pour Auschwitz : les ratés de la mémoire et la banalisation des dictatures.

Les protestations de tous ceux qui dénonçaient les 20 millions de morts provoqués par les décisions de Staline (un bilan plus lourd que celui d’Hitler) lors de collectivisation forcée des campagnes et lors des différentes purges politiques (Procès de Moscou …) n’avaient pas suffit. Des ONG locales des droits de l'Homme, dont Mémorial, avaient envoyé vainement en avril 2010 une lettre à Valentina Matvienko, gouverneur de Saint-Pétersbourg, dénonçant l'initiative de ces internautes russes banalisant les actes de "l'un des plus terribles criminels du XXe siècle". Maxim Reznik, responsable local du parti d'opposition libérale Iabloko déclarait à l'AFP : "c'est une insulte faite aux personnes dont les proches sont morts au moment des répressions staliniennes." Des représentants de son parti, en tenue de prisonniers du goulag, se rassemblèrent à un arrêt de bus dans le centre de la capitale en brandissant des affiches énumérant les crimes de Staline. Maxim Reznik rapportait comment « ils ont aussitôt été entourés par des communistes qui ont scandé Staline ! Russie ! Victoire ! » La police avait interpellé quatre opposants au prétexte que leur action n’était pas autorisée alors que le jour même le président russe de l’époque, Dmitri Medvedev fustigeait les crimes « impardonnables » de Joseph Staline dans une interview rapportée par tous les médias russes (montrant la distance entre le discours officiel et les positions d’une part important de l’opinion). Des inconnus avaient aussi recouvert de peinture le portrait de Staline mais Viktor Loguinov avait aussitôt déclaré à l’Agence Interfax : "le bus sera nettoyé et demain il reprendra la route avec la même image" et il avait accusé les acteurs de cette opération d’être "des vandales et de soi-disant combattants de la liberté".

De 2010 à 2016, du bus à la gloire de Staline à Saint-Pétersbourg au bus tchèque faisant la pub pour Auschwitz : les ratés de la mémoire et la banalisation des dictatures.

Fin avril 2010 la mairie de Moscou avait renoncé à un projet controversé d'installer en ville des affiches évoquant le rôle de Staline pendant la Seconde Guerre mondiale.

L'attitude à l’égard de Staline reste ambiguë en Russie où il est vu par les uns comme un tyran sanguinaire et par les autres – notamment à l’extrême-droite comme le père de la victoire sur les nazis et de la grandeur de l’URSS et de la Russie.

La majorité des Russes (54%) admire encore son leadership, d'après un sondage publié en décembre 2009 à l'occasion du 130e anniversaire de sa naissance.

L’article de l’AFP : ALeqM5gIb0j-wLgQUJk9BNh43UYz1uDRJA est intégralement repris dans :

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